De l’animation au fantastique
« Machini » est un film d’animation en stop motion peuplé par des humains de pierres. Il nous immerge dans une ville congolaise contrôlée par la production. Nous sommes ainsi face au désastre de l’industrialisation et des machines qui font de nous des pantins, des somnambules. Les travailleurs sont déshumanisés, et une fois le travail accompli, épuisés ils retombent en tas de pierre. Les personnages sont donc fait de pierres et leur travail est aussi d’extraire des pierres ; la matière utilisée pendant le tournage est aussi le sujet. Ce court métrage aborde en douceur, grâce à une belle animation, un sujet très préoccupant ; l’extraction de minerais. Il est question ici des voitures électriques et des conséquences environnementales désastreuses que leur production peuvent entraîner.
« Qu’importe si les bêtes meurent » de Sofia Alaoui : l’histoire se passe dans les paysages arides de l’Atlas. Un berger isolé se rend au village et découvre qu’il a été déserté par presque tous les habitants. Ce film, en partie fantastique, traite de l’opposition entre foi et raison. En effet, ici, la religion y occupe un rôle important. Il est plus simple de s’y réfugier et rassurant de se croire protégé. L’apparition d’êtres inconnus venus du ciel rappelle le divin. Sont-ils réels ? Miraculeux ? Dangereux ? Il semble que la réalisatrice utilise la croyance pour questionner la croyance.
Avec « Le bain » Anissa Daoud nous immerge dans la vie d’un jeune père et son fils. Imed se retrouve seul avec son fils pour la première fois et va devoir affronter ses peurs les plus profondes. Le père se perd parfois dans une sorte de rêve éveillé et est désemparé face à son enfant ne sachant quelle relation créer avec lui. Le traumatisme l’empêche de rentrer pleinement dans son rôle de père. Ce film nous captive de par ses secrets et sa caméra experte. Il y a beaucoup de plans fixes, comme des arrêts sur images sur un père et un fils qui se regardent ou s’enlacent…
« Bablinga » de Fabien Dao est un film musical qui touche à l’exil et la solitude avec la question du retour ou pas au pays natal. En effet Moktar est partagé entre la France et le Burkina Faso. Dans une soirée d’ivresse des fantômes s’invitent. Entre danse et euphorie, le doute reste présent et les souvenirs fusent. Les reproches et les mises en garde reviennent en mémoire. Toujours les mêmes questionnements et les mêmes peurs qu’avant car entre partir et revenir la différence est infime, revenir c’est aussi partir.
Des peintures de musiciens s’animent sur les murs et nous transportent au son du jazz. La caméra suit les acteurs et les visages et nous sommes presque intégrés à la fête.
Par Lana Cun