2009, Khalid sillonne Le Caire avec sa caméra, scrute le tourbillon chaotique de sa ville qu’agitent les premières secousses de la révolution. Les images du Caire, de lieux chers en visages aimés, mais aussi celles de Beyrouth, de Bagdad et de Berlin, que lui envoient ces amis, participent à instiller l’inquiétude sur le devenir de la bouillonnante capitale. Cette angoisse sourde se confond avec la crise existentielle d’un homme, et le film devient peu à peu hanté par ses blessures intimes : une amante sur le départ, la mort d’une soeur dans un accident de voiture, le mutisme d’un père, la douleur d’une mère… Tamer El Saïd, qui a mis dix ans pour rassembler les fragments de ce premier long métrage, s’autorise de fascinantes expérimentations sur les formes et les flux de la ville et de ses habitants. Très mal reçu en Égypte, le film célèbre pourtant sa capitale envers et contre tout, dans sa laideur comme dans sa beauté.