Huit ans après Bamako, Abderrahmane Sissako retourne au Mali, cette fois au nord du pays, soumis alors au joug islamiste. Non loin de Tombouctou, Kidane mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa famille. En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris en otage un islam ouvert et tolérant. Fini la musique et les rires, les cigarettes et même le football… Les femmes sont devenues des ombres qui tentent de résister avec dignité. Des tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et tragiques. Kidane et les siens semblent, un temps, épargnés par le chaos de Tombouctou… Face à l’humiliation et aux sévices, le film raconte le combat silencieux et digne de femmes et d’hommes. Les occupants, de multiples origines, lettrés ou analphabètes, ne parlent pas les langues locales, mais un arabe que certains maîtrisent très mal, jeunes paumés déguisés en guerriers du désert, donnant une atroce dimension burlesque au film. Entre fable et chronique, Sissako invente des moments d’onirisme cruel, tel ce match de foot sans ballon…
Timbuktu, en compétition dans la sélection officielle du Festival de Cannes 2014, a remporté le prix du jury œcuménique et le prix François Chalais. Il a été sélectionné au Festival du Film de Sydney et au Festival International du Film de Toronto.