Adam est le maître nageur du palace de N’Djamena, hâvre de paix dans un pays déchiré par la guerre civile. Après le rachat de l’hôtel par un groupe, il doit céder la place à son fils et se retrouve simple gardien. Anéanti par cette déchéance, harcelé par le chef de son quartier, Adam va sacrifier son fils unique, l’envoyer au front.
Film splendide, amer, plein de tendresse pour chaque personnage, sur la décomposition d’une société et des personnes, la difficulté et la possibilité d’y résister.
« Un homme qui crie n’est pas un ours qui danse » Aimé Césaire. « C’est ce climat de peur face à l’avenir que j’ai tenté de saisir. Quand on voit le monde s’effondrer autour de soi, quand les repères sont brouillés, quand la pression politique et sociale est trop forte, on finit par perdre pied… Après avoir commis l’impardonnable, Adam voudra très vite réparer sa faute, se racheter. Mais il prend douloureusement conscience que le cri de sa souffrance n’a en réponse que le silence de Dieu… Il sait qu’il n’y aura pas de rédemption possible, qu’il ne trouvera jamais la paix. »
Mahamat-Saleh Haroun