Après un long voyage et une vie brisée, les migrants peuvent être reçus gratuitement et sans rendez-vous à la “Permanence d’accès aux soins de santé” (Pass) par le docteur Geeraert et la psychiatre Evelyne Vaysse. C’est dans cette petite pièce de l’hôpital Avicenne de Bobigny qu’Alice Diop et son équipe de tournage se sont rendus chaque semaine, pendant un an, pour entendre et filmer l’expression des douleurs intimes des patients avec un tact jamais pris en défaut. Par son respect de la distance, sa juste place entre les deux soignants et sa présence sensible dans le hors-champ du film, la réalisatrice a mis ses intentions politiques dans ses choix de réalisation. Elle assigne une place au spectateur et affirme la capacité du cinéma à montrer « toutes sortes de gens étonnamment dissemblables », en accord avec la phrase du poète lisboète Fernando Pessoa, citée en exergue du documentaire.