Une petite maison isolée dans la montagne kabyle. Ouardia enterre dans le jardin son fils, militaire tué par un groupe islamiste, peut-être celui dirigé par son autre fils, Ali. Elle y est surveillée par un des hommes d’Ali. Dans cet univers crispé par la douleur, figé par la sécheresse, la vie tente cependant de reprendre ses droits, par la culture opiniâtre du jardin, par la complicité qui va se nouer avec le gardien, par l’arrivée de la petite fille née de Malia, l’aimée des deux frères, morte en accouchant. Dans ce huis clos en pleine nature, la réalisatrice rend sensible chaque petit et grand évènement, chaque sentiment des protagonistes, chaque mouvement du vent, de la nature. Au-delà de la tragédie familiale, du portrait impressionnant d’une « mère courage », Djamila Sahraoui, avec très peu de mots, évoque aussi la tragédie d’un peuple déchiré par l’histoire jusque dans l’intimité des familles, la difficulté du pardon et de la réconciliation. Film primé dans de très nombreux festivals, Yema est d’une beauté stupéfiante