Dans ce film Jean-Marie Teno poursuit sa réflexion critique sur les séquelles du colonialisme dans son pays, dans la vie publique comme dans la vie privée. En 2004 le hasard provoque une rencontre avec Ernestine Ouandié, la fille d’Ernest Ouandié. Ce leader de l’UPC qui avait mené, de la fin des années 50 à la fin des années 60, la lutte armée pour l’indépendance du Cameroun, puis contre le pouvoir (Ahidjo) mis en place par l’ancien colonisateur. La jeune femme lui raconte sa vie dramatique : sans père et avec une mère qui la rejette, le poids du silence et l’échec de ses recherches de la vérité sur l’assassinat de son père en 1971 par les autorités camerounaises. A la croisée entre drame personnel (Ernestine mettra fin à ses jours cinq ans plus tard) et histoire nationale, la confession d’Ernestine et le film de Teno constituent un témoignage aussi exceptionnel sur le plan humain que sur le plan historique. Comme Président Dia, mais d’une manière très différente, ils éclairent cette période, largement ignorée, de l’accession, très contrôlée par la France, à l’indépendance des pays africains.